- 2a) Perception du Beau

"Ce qu'est un beau visage" a été extrêmement débattu depuis l'Antiquité avec, à l'origine, des notions de mesure et de symétrie, d'harmonie, puis des visions plus "subjectives" de ce que devrait être un beau visage.
Human (Homo sapiens) Facial Attractiveness and Sexual Selection: The Role of Symmetry and Averageness.
October 1994 Journal of Comparative Psychology 1994; 108:23é-42

Avoir un beau visage est globalement favorable.
Karl Grammer, sociologue allemand, avait démontré que les patients qui avaient un beau visage étaient globalement mieux intégrés dès l'école, s'ils passaient devant Mr le Juge ils écopaient d'une peine moins lourde que s'ils ne ressemblaient à rien, ils paraissaient en meilleure santé, plus jeune et plus intelligent.
De manière non-consciente, nous avons tendance à associer certains traits du visage à des caractéristiques psychologiques

Morphopsychologie
- Un patient de classe 2 : manque de personnalité, de courage. Désinvestissement, timidité
- Un patient de classe 3 : on se questionne sur son intelligence, visage "de brute".
Toutes ces notions de morphopsychologie vont aider le praticien à déceler et comprendre la motivation du patient.
Un visage est analysé de manière extrêmement rapide, en moins de 100 millisecondes, de manière synthétique et non pas analytique, avec 3 marqueurs : symétrie faciale (qui est relative), texture cutanée, expressivité,

Un beau visage ?
Il a été proposé l'existence d'un centre neurologique de l'existence faciale, qui serait actif très tôt dans la vie, dès 9 mois. Tout se passe comme si nous avions engrammé un modèle de ce que doit être un beau visage. Ce processus de reconnaissance faciale très archaïque permettait dans des situations de danger extrême, de reconnaître un visage amical d'un visage belliqueux.
Etude : "Visage moyen"
Le visage moyen obtenu artificiellement était jugé à chaque fois plus beau que celui des composantes individuelles qui avaient servi à le composer Source : Perret, D.I., May, K.A.&Yoshikawa, S. (1994)
Facial shape and judgements of female attractiveness. Nature, 368,239-242

Les dérives de l'idéal esthétique en Corée du Sud

Il existe une certaine standardisation de la beauté en chirurgie esthétique comme évoqué ci-dessus. Une série de "Miss Corée du Sud" montre des Miss qui sont toutes les mêmes, toutes passées par la rhinoplastie, la génioplastie, les implants mammaires, la lipostructure des lèvres etc. Toutes ces jeunes femmes n'apparaissent que comme des copies des unes, et des autres

Résultat esthétique attendu

- Les logiciels de simulations du résultat esthétique sont extrêmement vendeurs, mais le chirurgien n'est pas là pour vendre de la chirurgie à ses patients. Il convient de rester extrêmement prudent quant à l'utilisation de ce type d'outil, car un patient ne va regarder que les images et se dit "je vais ressembler à ça".
- Le press-book : il s'agit de vrais patients, donc un outil tout à fait intéressant. Le résultat se rapprochera de ce qui est montré même si forcément, ça ne sera pas exactement ça.
Source : Acuracy of three-dimensional soft tissue simulation in bimaxillary osteotomies.
Liebregts J, et al. Craniomaxillofac Surg 2015 Apr; 43(3):329-35

Quand un chirurgien opère des patients qui souffrent d'apnées obstructives du sommeil, il leur avance le maxillaire de quelques 6-7 millimètres et la mandibule de 12-15 millimètres, il créé des patients totalement dysmorphiques et disproportionnés, et pour autant, à partir du moment où il parvient à ne pas engager de stigmates de dysmorphie sous-jacente, ces visages restent harmonieux

Expression faussée du visage

Notion de soutien des tissus mous par les tissus squelettiques sous-jacents
Dans ces défauts de soutien et insuffisances verticales antérieures maxillaires, l'expression du visage est faussée. Les visages paraissent tristes parce que le simple défaut de soutien donne une expressivité qui n'est pas celle que vivent effectivement les patients

Remodeler les volumes et modifier le plan occlusal
Il faut savoir utiliser cet outil absolument phénoménal de la rotation du plan occlusal qui permet d'améliorer et de sauver des situations extrêmement difficiles.
Cas d'une patiente dont le chirurgien mal informé avait décidé de réaliser une propulsion mandibuaire avec génioplastie de recul. Le seul moyen de sauver la situation était une reprise chirurgicale extrêmement sévère de la correction du plan occlusal. "Le coup est réussi" même si la patiente est parafaitement dysmorphique d'un point de vue céphaométrique.